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Au sommet de la colline - 4 -

Pierre se dépêcha d’aller à l’église. Il trouva le curé en train de prier près de l’autel. Il lui posa la main sur l’épaule et le curé se retourna

  • Ah c’est toi Pierre !
  • Oui, je viens de croiser Maître Benoît. Il m’a remis ceci pour vous. Il m’a dit que ce serait bien si vous mettiez ces petits bouquets à différents endroits dans l’église et que vous les brûliez pour protéger le village.

Maître Benoît se leva

  • Merci, je vais le faire tout de suite.

Puis il demanda : Ce sont les gens du château n’est-ce pas ?

  • En effet, c’est ce que nous pensons.
  • Pourtant c’est l’orage qui a détruit le château, pas nous !
  • Oui, mais Maître Benoît dit qu’ils ont été furieux d’être enfermés dans la grotte
  • Possible ! Mais comment se sont-ils échappés ?
  • Je ne sais pas, peut être par la rivière, ou peut être par un autre endroit qu’ils ont trouvé
  • En attendant certains sont encore ici !
  • Oui, sinon je n’explique pas ces incendies. Tout le village aurait pu être détruit, l’église avec
  • Je sais bien ! Ah, j’ai oublié de vous dire qu’on allait aider Jacques et Gauthier à reconstruire, on s’arrangera pour le foin tant qu’on pourra
  • C’est bien ça ! les pauvres c’est terrible ce qui s’est passé.

En rentrant chez lui Pierre retomba sur Maître Benoît.

  • Je reviens de l’église, j’ai remis vos bouquets au curé, il allait les brûler
  • Merci, j’ai presque fini, j’ai protégé chaque maison, il me reste à faire la totalité du village
  • Venez déjeuner chez nous ensuite si vous voulez
  • Merci, mais je préfère rester concentré sur ce qui se passe, vous vous avez une famille et des enfants, si quelque chose se passe, je vous avertirai.
  • D’accord

Et Pierre rentra chez lui.

En fin de journée, Maître Benoît se rendit chez Pierre.

  • Il se passe quelque chose ? demanda Pierre
  • Pour le moment non, mais il pourrait bien se passer quelque chose cette nuit
  • Ils vont recommencer !?
  • Probablement, ou tenter quelque chose d’autre. Il vaudrait mieux que les hommes se préparent. Je suggère que nous allions tous à l’église, on ne peut pas laisser les femmes et les enfants seuls dans les maisons
  • D’accord, je préviens tout le monde.

Peu après on vit les familles se diriger vers l’église, les hommes armés de pioches, de pelles. Le curé voyant ses paroissiens arriver comprit qu’il se passait quelque chose de grave.

  • Nous allons prier pour que cette nuit se passe bien 
  • Et surtout, dit Maître Benoît, quoi qu’il se passe, n’ayez pas peur, vous êtes ici sous la protection de Dieu

Le curé entreprit de dire une messe, puis il y eu des chants. Les enfants s’endormaient. Les prières reprirent quand soudain un bruit terrible se fit entendre et tous se levèrent d’un bond.

  • Qu’est ce que c’est que ça ?

Terrorisées les femmes tenaient les enfants dans leurs bras.

  • Rasseyez vous et priez dit Maître Benoît, les hommes venez avec moi.

Il se dirigea vers la porte latérale de l’église et l’ouvrit doucement. Dans le lointain on voyait des éclairs, cependant ils ne semblaient pas provenir du ciel mais de la terre.

  • Ils ne comprennent pas pourquoi ils ne peuvent pas rentrer ! dit Maître Benoît
  • Rentrer ?
  • Et comment c’est possible ? dit Jacques
  • J’ai fait un sortilège très puissant afin que toute agression extérieure soit inefficace, mais ils sont très puissants et ils pourraient parvenir à le briser
  • Mon Dieu !
  • Oui, pour le moment on est tranquille, mais ça pourrait ne pas durer ! C’est pourquoi je vous recommande à tous d’aller prier

Ils refermèrent doucement la porte.

  • C’est tout de même incroyable ce qui nous arrive, dit Gauthier, en fait ils veulent tout simplement nous détruire, prendre nos terres, notre bétail, nos maisons tout ça parce qu’on a trouvé l’or avant eux !
  • Et qu’en auraient-ils fait s’il l’avait trouvé avant nous ? Ils l’auraient mis dans leurs poches, ça leur est égal que de pauvres gens meurent de faim et se tuent à la tâche, au moins nous on l’a partagé !
  • C’est vrai, dit Jacques, on n’en aurait pas vu la couleur s’ils l’avaient trouvé avant nous ! N’empêche qu’on aurait pu les sortir de la grotte !
  • Tu sais bien que non ! Si on l’avait fait, ils nous auraient tués jusqu’au dernier, y compris les femmes et les enfants !
  • Et après, dit Pierre, il y a eu cet orage et le château a été détruit
  • Oui, mais on n’y est pour rien du tout
  • Effectivement pour le château, on n’y est pour rien mais ça les a rendus fous de colère
  • La colère, comme la peur, dit Maître Benoît, sont de mauvaises conseillères

Pendant ce discours on entendait toujours les coups de tonnerre.

  • Nous allons prier Marie maintenant, dit le curé, afin qu’elle protège notre village, nos familles, notre bétail. Regroupez vous autour de la statue s’il vous plait !

Tout le monde se mit autour de la statue de la Vierge et le curé entama un chant que tous reprirent. Devant se tenaient les femmes et les enfants, les hommes étaient derrière.

A la fin du chant, tous remarquèrent qu’ils n’entendaient plus le bruit du tonnerre.

  • Je n’aime pas ça, dit Maître Benoît

Il s’avança vers la porte et les hommes le suivirent.

  • Chaque maison est protégée, l’église aussi, mais s’ils ne nous trouvent pas, c’est clair qu’ils vont venir ici

Les femmes se lamentaient

  • Ils vont tous nous tuer !
  • Je vous ai dit de ne pas avoir peur et de garder confiance, dit Maître Benoît
  • Certes, dit le curé, Dieu et Marie y pourvoiront. Il se tourna vers la statue de Marie et il crû la voir sourire. Il se dit : je suis inquiet et fatigué, je crois voir des choses qui ne sont pas !
  • Reprenons un chant, dit-il

Il entama un nouveau chant qu’ils reprirent tous. Au milieu de ce chant on entendit frapper brutalement sur la porte centrale de l’église.

  • La porte va céder ! dit une voix
  • Gardez courage ! dit Maître Benoît, continuez à chanter !

Puis, au bout d’un moment, dans un vacarme épouvantable la porte fut brisée, derrière se tenaient des hommes en noir sur des chevaux, une épée dans les mains

  • Ah ! vous croyiez nous piéger de nouveau ! Mais cette fois vous allez nous le payer !
  • Vous payez quoi ? dit Pierre
  • Notre château détruit !
  • Mais nous n’y sommes pour rien ! c’est l’orage qui l’a foudroyé
  • Balivernes ! vous avez provoqué cet orage pour nous détruire
  • Mais jamais de la vie ! dit Jacques, comment voulez-vous qu’on fasse ça ?
  • Et nous enfermer dans la grotte, c’est pas vous peut être ?
  • Certainement pas dit Pierre, les parois se sont écroulées toutes seules, nous aurions pu aussi y rester enfermés !
  • Et l’or que vous nous avez volé !
  • Volé ? Mais pas du tout, vous auriez pu le trouver bien avant nous si vous vous étiez donné la peine de chercher !
  • Cet or est à nous et vous allez nous le rendre
  • Il est à celui qui l’a trouvé !
  • Pas question, nous avons des familles, des femmes et des enfants à nourrir, vous avez tout ce qu’il vous faut, vous ne connaissez pas le travail, les maladies, cet or a servi à améliorer le peu qu’on a
  • Ça suffit, rendez-nous cet or ou nous détruisons tout votre village !
  • C’est pas ça qui vous donnera de l’or !
  • A mon signal nous mettons le feu à cette église et vous ne pourrez pas vous échapper !

L’homme en noir attendit un moment. Derrière lui une troupe d’hommes également en noir l’escortait. Leurs silhouettes se dressaient menaçantes au-delà de la porte. Plus rien ne bougeait dans l’église. La statue de la Vierge brillait à la lumière des cierges alentour. Les femmes regroupées avec les enfants autour de la statue s’attendaient à périr. Le curé regardait la statue, et au moment où l’homme en noir leva le bras, une flamme puissante sortit des mains jointes de la statue de la Vierge, se dirigea droit sur le groupe au seuil de l’église, il y eut une explosion, tous se jetèrent à terre, les femmes protégeant les enfants, puis plus rien. Juste de la fumée.

Le curé stupéfait de ce qu’il venait de voir, s’assit sur un banc. Lentement tous se relevaient. Les femmes pleuraient, d’autres priaient. Les hommes sortirent sur le seuil de l’église, la porte avait volé en éclats, et là où un instant auparavant se trouvait une troupe de cavaliers menaçants, il n’y avait plus rien. Les jambes coupées, Jacques s’appuya contre le mur.

  • Mon Dieu ! Nous revenons de loin, dit-il
  • C’est le moins qu’on puisse dire ! dit Gauthier
  • Prions, dit Maître Benoît, pour remercier le Seigneur et Marie de ce qui vient de se passer. Vous le voyez, les miracles existent, il suffit d’y croire.
  • Chantons "Chante o mon âme, la louange du Seigneur " dit le curé en se levant

Et ils entamèrent le chant, puis la veillée à l’église se prolongea.

La nuit était fort avancée quand ils rentrèrent vers leurs maisons.

  • Il va falloir réparer la porte de l’église dit Pierre, on ne peut pas la laisser comme ça !
  • On commencera demain dit Jacques
  • Demain c’est déjà aujourd’hui, dit Pierre
  • En effet, dit Maître Benoît, mais c’est bien de le faire dès que possible

C’est ainsi que le village redevint tranquille, les hommes reprirent les travaux des champs, les enfants retournèrent à l’école et le bon curé accueillit ses paroissiens toujours avec bonté. La statue de la Vierge continua à briller dans l’église et les cierges alentours à l’illuminer. Mais le village n’oublia jamais ce qu’il s’était passé.

Date de dernière mise à jour : 23/06/2021

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