Créer un site internet

Au sommet de la colline -2-

Quelques mois plus tard, à l’entrée de l’automne, la rivière coulait tranquillement, les champs étaient au repos, les arbres avaient de magnifiques couleurs mordorées, jaunes, orangées et le ciel, bien qu’un peu gris semblait figé. L’air était un peu frais après la chaleur de l’été. Pierre était en train de récolter des carottes dans son potager quand maître Benoît arriva.

  • Bonjour dit Pierre, comment allez-vous ce matin ?
  • Bien dit Maître Benoît, je vois que les carottes ont bien donné
  • Oui, c’est bien dit Pierre. Que puis-je pour vous Maitre Benoît ?
  • Voilà, il y a maintenant plusieurs mois que la grotte s’est refermée. Ça me semble être le bon moment pour y retourner afin d’enterrer correctement tous ceux qui étaient dedans.
  • Vous voulez qu’on aille rouvrir la grotte ! s’exclama Pierre stupéfait, pourquoi ? à cette heure tous sont morts
  • Justement il faut leur donner une sépulture digne
  • Après ce qu’ils ont faits ! Jamais personne ne voudra y retourner et encore moins rouvrir la grotte pour les enterrer !
  • Allons en parler à notre curé, voir ce qu’il en pense

A contre cœur Pierre abandonna son ramassage. Le curé était en train de balayer son église lorsqu’ils arrivèrent.

  • Bonjour. Qu’est-ce qui vous amène ?
  • Maître Benoît veut qu’on aille rouvrir la grotte pour enterrer ceux qui sont là-bas, dit Pierre d’un ton grognon
  • Ah ! Ne sont-ils pas déjà enterrés ?
  • Ils ont été piégés et Dieu les a punis, mais ils n’ont pas été enterrés dignement
  • On ne peut empêcher des gens d’être enterrés dignement. Si vous choisissez d’aller les rechercher pour les enterrer correctement je dirai une messe pour le repos de leurs âmes.
  • Il faut d’abord des hommes pour libérer cette grotte, allons voir qui veut et peut nous aider.
  • Même si on est nombreux, ça va prendre du temps car les pierres sont lourdes
  • En effet, mais on peut essayer.

Et ils partir demander dans le village qui était d’accord et pouvait venir aider. Dans l’ensemble, les hommes n’étaient pas vraiment d’accord, mais les femmes voyaient d’un mauvais œil de laisser des gens sans être enterrés correctement.

Il fut décidé de s’y rendre deux jours plus tard. On rassembla des pelles, des pioches, des cordes et tout ce qu’il fallait pour dégager l’entrée. On attela la charrette et on mit tous les instruments dedans, et les hommes partirent en milieu de matinée. Arrivés devant la grotte, ils commencèrent par dégager les tas de poussière et à les mettre un peu plus loin. Ils s’attaquèrent ensuite aux grosses pierres qu’ils entourèrent à l’aide de cordes pour pouvoir les tirer afin de leur permettre de progresser vers l’entrée. Pour certaines pierres c’était facile, mais d’autres leur donnèrent beaucoup de difficulté, et du coup la nuit tombait quand ils décidèrent de rentrer puis de revenir le lendemain.

Pierre n’était pas vraiment d’accord avec le fait de rouvrir la grotte pour enterrer ces gens. Il le dit à sa femme qui tenta de lui faire comprendre qu’il était indispensable que les gens soient enterrés correctement.

  • On ne sait même pas leurs noms ! dit Pierre
  • Ça n’est pas grave, on trouvera bien quelque chose à mettre pour rappeler ce qui s’est passé

Et le lendemain matin les hommes retournèrent à la grotte. Ils travaillèrent jusqu’en milieu d’après midi pour tirer les grosses pierres, les dégager de l’entrée afin de leur permettre de rentrer dans la grotte. Ils purent enfin y rentrer. Mais là, ils restèrent tous muets : rien, il n’y avait absolument rien dans la grotte, pas le moindre corps, pas le moindre mort. Les parois de la grotte étaient noires, on n’aurait pas dit que quelques mois plus tôt ils avaient trouvé de l’or.

  • Mais c’est pas possible, dit Jean, où sont-ils tous passés ?
  • Il n’y a plus rien, dit un autre, on ne dirait pas la même grotte !
  • Il doit y avoir un autre moyen pour sortir !

Et ils explorèrent les parois, mais il n’y avait rien de particulier qui pouvait laisser penser à un passage permettant de sortir.

Et Pierre dit :

  • Il y a la rivière qui coule ici, ils ont pu la prendre pour sortir
  • Mais on ne sait même pas où elle va, ils n’avaient pas de barque, rien, c’est peut-être profond
  • Oui, dit Pierre, mais si vous avez une autre idée, faites-nous en part !
  • C’est terrible dit Jean, s’ils se sont sauvés, ça veut dire qu’ils risquent de revenir, nous ne sommes pas en sécurité
  • Rien ne dit qu’ils ne se soient pas noyés, dit l’un d’eux
  • Oui, mais nous n’en savons rien
  • Allons en parler à notre curé, nous prendrons Maître Benoît au passage
  • Et regardez, on dirait que l’or a disparu
  • Oui, c’est vrai, tout est sombre, ce sont juste des pierres

Ils partirent donc raconter à Maître Benoît ce qui s’était passé. Celui-ci paru ennuyé.

  • Ces gens sont des démons, ils peuvent effectivement avoir emprunté la rivière ou avoir utilisé des maléfices pour s’en sortir d’une autre façon.
  • Allons en parler au curé, on va voir ce qu’il en pense

Le curé alerté était inquiet.

  • Ça veut dire que nous ne sommes pas en sécurité et qu’ils peuvent revenir, même si le château n’existe plus. Déjà, on va organiser une messe ce soir.
  • D’accord dit Pierre, nous nous allons chercher nos familles.

Le soir tombait lorsque les gens arrivèrent à la petite église. Les femmes accompagnaient les hommes, les enfants étaient là aussi. Le curé dit une messe et plaça le village et tout ceux qui y habitaient sous la protection de Marie. On avait allumé des cierges et l’odeur de l’encens montait de l’autel.

  • Qu’allons-nous faire ? dit Jean à la sortie
  • Je ne vois pas ce qu’on peut faire, à part attendre
  • Attendre qu’ils reviennent se venger ! dit l’un
  • Pour le moment on ne sait rien, dit Pierre, ils sont peut-être morts dans la rivière, ils sont peut-être partis ailleurs, en tout cas, nous ne sommes pour rien dans la destruction du château !
  • C’est vrai ça ! Je n’y avais pas pensé !
  • Mais nous ne sommes pour rien non plus dans l’éboulement de la falaise !
  • C’est vrai dit Maître Benoît, mais nous n’avons rien fait pour les sortir de là !
  • Heureusement, on serait tous morts ! dit un autre

Le silence se fit.

  • Allons dormir, il se fait tard, on ne peut de toute façon rien faire pour le moment

Date de dernière mise à jour : 20/04/2021

Ajouter un commentaire

Anti-spam